Symphonie dominicale, op.39

Septembre 1946 – janvier 1948

Les cinq mouvements de cette symphonie étaient destinés à accompagner le déroulement d’une messe basse, et plus spécifiquement des messes basses dites « avec orgue » du dimanche à 11h15 à Notre-Dame, avant la réforme liturgique. Chacun des mouvements est attribué à un moment important de la messe et précédé d’un texte emprunté à l’Ecriture ou à la liturgie. Elle est dédiée au chanoine Gaston Roussel, maître de chapelle de la cathédrale Saint-Louis de Versailles.

La cellule génératrice est empruntée au thème principal du Kyrie funèbre. Le Prélude s’en inspire directement. Dans les mouvements suivants, cette cellule, en combinant les modifications de rythme, les transformations mélodiques et les changements de registration, se plie à tous les besoins de l’expression. De nombreux dessins mélodiques se font écho d’un mouvement à l’autre, donnant à l’ensemble une extrême cohérence formelle.

– Le Prélude (« Nous répandons nos prières devant votre Face. Epargnez-nous, ô Christ ! Du peuple qui vous supplie, ayez pitié ») se développe autour de la cellule génératrice. On pourrait y voir une image de l’homme pécheur, levant des bras suppliants vers le Sauveur ? Des imitations mélodiques s’intercalent entre les réexpositions et font intervenir des rythmes ternaires qui adoucissent la rigidité binaire du thème.

– Une grande tendresse enrobe le thème de l’Aria (Offertoire: « Que ma prière, Seigneur, soit comme l’encens en votre présence.. »). Au-dessus du déroulement imperturbable des valeurs régulières de l’accompagnement, le chant déploie ses valeurs inégales sur le cornet, auquel répond brièvement la clarinette 16’. Le cornet reprend, suivi des fonds 8-4’ et voix céleste, puis flûte 8’, avant le retour du cornet et de la clarinette 16’ réexposant tour à tour les premières incises du thème.

– Dans la Fantaisie-Choral (Sanctus-Benedictus  « Je vous louerai sur la harpe, mon Dieu. Pourquoi es-tu triste, mon âme ? »), le mouvement s’anime et la couleur s’égaie. La mélodie en valeurs longues est interrompue de joyeuses interpellations concluant sur de longs trilles. Au milieu de la pièce, censé correspondre au moment de la consécration, l’animation cesse ; pp les sons se concentrent dans la polyphonie à quatre voix d’un lent choral aux harmonies incertaines. Puis bref retour des interpellations et trilles, réexposition des premières phrases, crescendo, élargissement du rythme et conclusion sur le tutti.

– La pureté d’une flûte 8’ chante dans la Prière (Communion : « Comme une biche soupire auprès des eaux courantes, ainsi mon âme soupire auprès de Toi, ô mon Dieu »). La tonalité majeure s’impose maintenant après les quelques hésitations du mouvement précédent. Imploration certes, suggérée par quelques passages chromatiques et des allusions directes à la cellule génératrice, mais enrobée d’une certaine lumière, apaisée, adorante.

Postlude (Sortie : « La Gloire et la Majesté marchent devant sa Face. La Puissance et la Splendeur éclatent dans son sanctuaire »). Des accords brisés annoncent l’entrée du thème A, dernière variation de la cellule originelle. Des interpellations joyeuses en écho à celles de la Fantaisie-Choral lui font suite. Survient un thème B de bonheur et d’adoration, reproduction textuelle du thème du Benedictus de la Messe en mi. Après un développement, le Postlude s’achève avec la réexposition successive des deux thèmes et une coda dans toute la puissance de l’orgue.

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