Suite cyclique op. 11, 1930

I. Le Prélude s’ébranle ainsi qu’une lente procession. De multiples modulations colorent ses réexpositions. Des rythmes de plus en plus animés, des oppositions de dynamique, des palpitations entre la fermeté tonale de certaines incises et le trouble chromatique des autres, font monter une légère inquiétude que confirme un long point d’orgue.

Une marche harmonique prépare le retour du thème fortissimo. Violente affirmation que suivent des trilles, des dissonances, un désordre apparent du rythme, des tonalités fluctuantes, halètement d’émotion. Après un silence, retour, calme et serein, du thème. Il s’élance, puis s’éteint doucement. Se fait entendre alors une flûte 8 dont le chant presque souriant conclut ce mouvement.

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II. Ce sourire, la Fugue qui suit le développe. Son sujet reprend le thème cyclique dans un « tempo di scherzo » qui change complètement l’ambiance. Dans sa légèreté accentuée par un contre-sujet sautillant, c’est un moment de détente après les tensions du Prélude. L’auteur se meut avec aisance dans cette forme rigoureuse traitée ici dans toutes les règles de l’école.

III. « Infiniment calme », le troisième mouvement, Cantilène, développe tantôt sur le cor de nuit, tantôt sur la dulciane, tantôt sur le clairon 4, une ligne mélodique et des harmonies qui rappellent les improvisations délicatement ciselées que Saint-Martin faisait chanter dans les moments de recueillement des offices. Les modulations esquivent les passages à la dominante pour nous faire rêver dans des tonalités éloignées et dans la douceur d’une âme pacifiée.

IV. Carillon. Au lointain deux appels ; puis deux appels en tutti, brouhaha dans la nef de presque tous les douze sons entremêlés. Après ces résonances, sous le carillonnement de quartes-quintes au manuel, la pédale énonce le thème cyclique triomphant. Se fait entendre sur chaque troisième temps, le mi grave d’un bourdon. Après la réexposition du thème à l’aigu, de larges gammes à la main gauche le relancent. Un moment de calme rappelle le thème central de la Cantilène tandis que la pédale marque toujours les sonorités graves du bourdon. Quelques appels annoncent le retour du thème. A la pédale, le bourdon sonne à la volée.. Des gammes traversent le clavier. C’est le Carillon de la joie conquise. Le retentissement des grands appels du début interrompt ces envolées. La pièce et cette Suite Cyclique s’achèvent dans un grand souffle de joie.

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